Sunday 11 November 2012

Bière trappiste : l'Orval (FR)



Par Adrien, notre expert bières
Manger c'est bien beau, mais lorsqu'on vit en Belgique, ce qu'on aime par dessus tout c'est boire de la bière, et de la bonne de préférence !

Alors avouons-le franchement, la grande majorité des belges se contente bien souvent de Pils et de bières d'abbaye de faible attrait dont les grands groupes brassicoles inondent le marché. Les milliers de brasseries qui, au début du siècle, alimentaient le pays en breuvage houblonné ont quasi toutes succombé à la mondialisation et son inévitable uniformisation des goûts !

Mais même si il ne subsiste qu'environ 150 brasseries à ce jour, un vent nouveau semble souffler sur le paysage brassicole belge. Ras le bol des bières toujours plus sucrées, toujours plus douces pour plaire à la majorité et surtout aux femmes bien moins sensibles aux charmes du houblon que leurs homologues masculins et qui constituaient un marché à conquérir. Les petites brasseries et autres microbrasseries ont décidés que "te veel is te veel, allons éduquer les foules plutôt que de leur vendre de la soupe comme tous les autres".


Les trappistes

La bière peut être une boisson complexe malgré sa réputation de "pisse de supporter de football" et n'a rien à envier au vin si on prend la peine de creuser un peu et de faire travailler ses papilles.
Il existe une catégorie de bière qui fait la fierté de tout bon belge qui se respecte, il s'agit des bières trappistes. Sur les 7 trappistes qui existent, 6 sont belges (notons toutefois qu'une autrichienne vient tout juste d'obtenir son authentification et qu'une française est en cours) et en plus elles sont soigneusement répartis au niveau géographique puisque 3 sont en Flandres et 3 en Wallonie (pour une fois, tout le monde est content).

Alors attention, il ne faut pas confondre trappistes et bières d'abbayes ! La Leffe et la Grimbergen sont des bières d'abbaye, c'est à dire qu'elles sont brassées en respectant une recette originelle d'abbaye mais dans une brasserie indépendante qui reverse ou non une redevance à la communauté qui y vit.

Une trappiste quand à elle doit être brassée dans l'enceinte même de l'abbaye cistercienne à laquelle elle fait référence, par les moines eux mêmes ou sous leur contrôle. Les recettes de la vente des bières trappistes ne sont utilisés que pour faire vivre la communauté et les bonnes oeuvres de la région, c'est ce qui explique leur faible production malgré leur succès partout dans le monde.

L'Orval

Pour illustrer cette catégorie de bière, je vais vous parler aujourd'hui de la plus jeune des trappistes wallones, l'Orval !

Créée en 1931 dans l'enceinte de l'abbaye, la brasserie a pour but de financer la coûteuse reconstruction d'Orval. Les moines fabriquant déjà du pain et du fromage pour subvenir à leurs propres besoins, ils confient le brassage à une main d'oeuvre laïque. C'est surement ce qui explique le goût particulier qu'a l'Orval par rapport à ses consœurs plus traditionnelles et plus monastiques. Les maîtres brasseurs fondateurs se sont fortement inspirés des techniques de brassage d'outre manche tel que le houblonnage à cru. Cette technique, consistant à l'infusion de grands sacs de houblons pendant la 2nde fermentation, apporte à l'Orval son caractère plus amer et fleuri qui se démarque nettement des autres trappistes.

Autre particularité, on ajoute du sucre candi liquide avant la première fermentation puis une dernière fois, juste avant l'embouteillage, accompagné de levure fraîche pour préparer la refermentation en bouteille. 3 à 5 semaines de garde à 15° sont alors nécessaire avant d'être enfin disponible sur nos tables (pour notre plus grand bonheur).

L'Orval est donc une bière trappiste d'exception. Elle titre à 6,2° mais peut monter à 7,2° si vous avez la bonne idée de la faire vieillir un minimum de 6 mois. C'est d'ailleurs la seule bière qui est ainsi vendu dans sa version vieillie en cave (dans les bars ayant reçu le label ambassadeur Orval).
Pour la déguster, outre l'utilisation du verre adéquat, il convient de la servie à une température comprise entre 11 et 14° si vous voulez profiter pleinement des toutes ses saveurs (le froid ayant la particularité de masquer les arômes; mais des gastronomes comme vous le savaient déjà).

Petites choses à savoir sur l'Orval pour briller en société :

- Son nom vient d'une légende selon laquelle, en 1076, la comtesse Mathilde de Toscane, en séjour dans la région, fit tomber par mégarde son anneau nuptial dans une source jaillissante. Désespérée, elle se mit à supplier Dieu en promettant d'y faire construire un monastère si il le lui rendait. Soudain une truite apparut à la surface de l'eau, l'anneau d'or dans la bouche. Elle s'écria alors :"Voici l'anneau d'or que je cherchais ! Heureuse vallée qui me l'a rendue ! Désormais et pour toujours, je voudrais qu'on l'appelle Val d'or." On retrouve d'ailleurs la truite et son anneau d'or sur toutes les bouteilles d'Orval.

- Ne dites pas une Orval, la tradition Gaumaise veut que l'on dise un Orval (en référence au Val d'Or).

- Bien que l'Orval soit la seule bière commercialisée par la brasserie, il existe un Orval Vert, titrant 4,5°, et réservé aux moines pour leur consommation personnelle. Autrefois fabriquée à partir d'Orval classique additionnée d'eau, il fait depuis peu l'objet d'un brassage à part entière. Si vous voulez le déguster, une seule solution s'offre à vous, aller la découvrir à l'Auberge l'Ange Gardien, juste en face de l'abbaye.




1 comment:

MelleBonPlan said...

J'ai visité l’abbaye d'Orval lors d'un récent voyage en Belgique et j'ai beaucoup apprécié le lieu et le bière!

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